Coup de foudre pour l’œuvre d’Émile Zola : une thèse, un livre, un prix

 
Publié le 22/09/2015 - Mis à jour le 1/03/2018

Sophie Ménard, post-doctorante au Centre de recherche sur les médiations (CREM), s’est vu décerner le Prix du meilleur livre de l'Association canadienne des études francophones du XIXe siècle, pour son ouvrage Émile Zola et les aveux du corps. Les savoirs du roman naturaliste. Patrick Thériault, professeur adjoint au département d’études françaises de l’Université de Toronto, retient de sa lecture « une problématique originale, une érudition remarquable, une orientation théorique qui encadre de fines analyses » le tout servi par « une écriture à la fois dense et élégante ».

Sophie Ménard a consacré sa thèse (2005-2010) à l’œuvre d’Émile Zola : « j’ai eu un coup de foudre pour son œuvre. Je me rappelle la première œuvre que j’ai lue : Nana. Cette lecture m’avait à l’époque complètement perturbée ; j’avais été touchée par l’histoire de cette femme magnifique qui, pour avoir les hommes (et Paris) à ses pieds, doit faire le sacrifice de son sexe et de son individualité ». Docteur de l’Université du Québec à Montréal et de l’Université Paris-Ouest Nanterre, Sophie Ménard a choisi de poursuivre ses recherches post-doctorales à l’Université de Lorraine : « un choix facile dans la mesure où le CREM développe le seul programme au monde de recherche en ethnocritique, qui donne lieu, mensuellement ou bimensuellement, à des séminaires spécialisés et à des ateliers méthodologiques ».

De la thèse à l’ouvrage scientifique

Ma thèse, dont est issu mon livre Émile Zola et les aveux du corps. Les savoirs du roman naturaliste, s’est appliquée à étudier le fonctionnement poétique des savoirs psycho-physiologiques, provenant entre autres de la casuistique religieuse, de l’anthropologie criminelle et de la psychiatrie. Cette recherche a envisagé le texte zolien sous un angle épistémocritique, et a analysé conjointement les mises en fiction des savoirs et des figures « déviantes » que sont l’hystérique, le fou, le criminel qui sont tous chez Zola des « bêtes d’aveux ».

Sophie Ménard avoue que le passage de la thèse à l’édition scientifique a constitué « un travail de longue haleine », il a fallu « dé-scolarisé l’écriture ». Durant environ un an, le texte de la jeune chercheuse a été soumis aux relectures et à de multiples coupes, mais aussi à des ajouts : « j’ai ajouté certains passages, réécrit plusieurs autres pour les ajuster en fonction des nouvelles lectures que j’avais faites entre-temps ».

Les Vies à l’envers du récit

Depuis la parution de l’ouvrage, Sophie Ménard travaille avec Marie Scarpa et Jean-Marie Privat (tous deux professeurs au CREM) au développement d’une théorie anthropologique des genres narratifs. Sous l’intitulé Les Vies à l’envers du récit, elle cherche plus particulièrement « à déterminer comment le récit fabrique (narrativement, culturellement) des « vies à l’envers », comprises par les ethnologues comme des destins placés sous le signe d’une série d’écarts par rapport à la norme sociale ».